St-Triphon

Géologie de la colline

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Fig. 31
Voilà le trajet qu’a effectué la colline de St-Triphon!

«La colline de Saint-Triphon est le résultat d'un bouleversement géologique. Une cassure s'étant produite sur la colline de Plantour, la partie détachée glissa dans la plaine et se renversa sur le côté. Le glissement continua dans la direction Sud-Est, à plus d'un kilomètre du lieu de détachement. La colline de Saint-Triphon est donc le résultat étrange d'une montagne qui a perdu une de ses parties. La preuve du phénomène nous est donnée par le fait qu'il est possible de reconstituer la partie absente, et aussi par le fait que la colline de Plantour présente les couches géologiques à la verticale, alors que la colline de Saint-Triphon les présente à l'horizontale. Ainsi, nous avons la preuve du détachement et du renversement.

Il est logique de situer le détachement pendant la formation des Alpes. L'écorce terrestre s'étant soulevée avec des convulsions terrifiantes, on trouve un peu partout dans les Alpes des rochers qui n'ont pas résisté à l'effet du choc et qui ont, de ce fait, basculé dans les parties basses.

Le marbre calcaire de la colline, formé par les fonds marins, appartient à des compositions très différentes selon les couches. De par le renversement, les couches les plus anciennes se trouvent dessus. Les premiers géologues, venus de l'étranger, furent intrigués par cette masse rocheuse dans la plaine avec des couches disposées dans un autre sens. En regardant autour d'eux ils ne tardèrent pas à se diriger vers Plantour où ils découvrirent l'énigme. Il suffit de monter sur les hauteurs avoisinantes et de jeter un regard sur la colline pour avoir l'impression d'une épave échouée, renversée sur le côté, attendant d'être renflouée par des bras vigoureux.

La tradition populaire a aussi ses notions géologiques ! Un géant aurait laissé échapper la terre de sa hotte en traversant la plaine. Ainsi, la colline serait née d'une histoire fantastique.

On peut dire que la colline n'est pas une cassure simple avec ses
deux kilomètres de longueur sur sept cents à neuf cents mètres de largeur, et ses trois mamelons appelés: Lessus, Larines, Charpigny. Ces mamelons sont considérés comme des collines distinctes par bien des auteurs. Pour d'autres, il y en a deux; on oublie celle des Larines qui est la plus petite. Le Lessus fait beaucoup parler de lui car il représente la partie la plus importante dans le domaine archéologique.

En conclusion, on peut affirmer qu'il est sorti de la colline de Plantour une nouvelle colline qui possède une autonomie complète. La colline mère ne possède aucune histoire si ce n'est celle d'avoir abandonné une partie d'elle-même. De sa hauteur, elle aura vu sa fille courtisée par toutes les civilisations qui se sont succédées dans la vallée. Couronnée de gloire et d'honneur, même dans les temps les plus durs, elle garde encore aujourd'hui la tête haute en considérant son passé, son présent et son avenir Elle a servi de refuge aux déshérités, de pèlerinage aux dévots, d'asile aux voyageurs. Elle abrita la noblesse dans ses rochers et fut la sentinelle vigilante de la vallée. Aujourd'hui, elle abrite un village qui profite de son climat et de ses ressources. Elle sert de refuge à la flore et à la faune de notre pays. Elle reçoit la visite des archéologues qui viennent la consulter pour y découvrir ses secrets. Elle est encore un lieu de repos pour ceux qui cherchent la tranquillité.

Demain, elle sera le symbole de la paix et le lieu de rassemblement des chrétiens autour de Jésus-Christ. Elle réunira les savants et sera le haut lieu de l'histoire et de l'art. Le jardin botanique lui aura rendu la place qu'elle avait perdue !»
[ Réf. 32 : Texte pris du livre “Saint-Triphon, origines et histoire”, de Monsieur Aviolat. ]